Revue de presse (très personnelle) de la mode et du textile

Au menu  de cette première revue de presse d'un artisan plus habile de ses dix doigts que de sa plume, je vous propose une tête de veau à la sauce poulette. Allez forcez vous un peu, et humez cette délicieuse odeur de 2e degré, quoique...

Le Journal du Textile m'apprend cette semaine qu'après les grandes marques de luxe déjà engagées dans le créneau de la mode enfantine, c'est au tour de ce cher Jean-Paul Gaultier de partir à la conquête de notre progéniture, et accessoirement à la conquête du portefeuille de leurs géniteurs, en lançant dès la saison automne-hiver 2009/2010 sa première collection, comprenant pas moins de 120 modèles pour des minots de 2 à 14 ans.

Sur le coup je me suis demandé si l'annonce devait me booster ou me déprimer. En effet, l'annonce était précoce et m'a tout d'abord incité à travailler d'arrache-pied pour imposer mes modèles avant que Jean-Paul ne surgisse sur le podium de la mode enfant et ne me rafle mes parts de marché...

Si je n'ai aucune velleité à lui voler la vedette en revisitant  son emblématique brassière ou son bretonnesque caban, je n'ai en revanche aucun complexe à travailler le tartan (ou l'écossais si vous préférez), qui du reste ne lui appartient pas plus qu'à moi. Mais en lisant la suite de l'article j'ai senti le poids de la finance s'abattre sur mes ailes de créateur qui se les secoue déjà pourtant pas mal pour atteindre les courants supérieurs de la rentabilité, et dont, paradoxalement, le moral aimerait certains jours ne pas battre de l'aile...

En effet, cette nouvelle collection, dont à ne pas douter qu'elle ravira les afficionados de l'enfant terrible de la mode, quadras, bobos (même malgré eux) et jeunes parents, la collection déclinée en trois lignes sera confiée au tout-puissant groupe Zannier: IKKS, Z, Kenzo, Tarine et Chocolat, Lili Gaufrette, Absorba, Catimini, etc.; lequel groupe aura en charge la fabrication et la distribution.  Et là, quand j'ai lu ça, je vous jure, j'ai fait un piqué....

Lors du dernier salon Pittibimbo, la Mecque des salons de mode enfantine qui se tient à Florence, c'est Hugo Boss qui a lancé en grandes pompes  sa collection enfant, ravissant au passage et sans vergogne la vedette à l'espace "créateurs" dont le nombre d'exposants a pourtant quadruplé en deux ans, ce qui méritait pourtant bien qu'on s'arretât plus sur ce phénomène que celui d'une ligne qui veut préparer nos gosses au métier de manager-pressé-qui-n'a-pas-le-temps-de-rire-et-qui-du-coup-s'habille-toujours-en-gris-ou-en-noir... franchement?

Que faut-il en conclure? Beaucoup d'appelés, peu d'élus? Probablement. Prêcher le protectionisme (en ces temps de crise) pour que vive la création (et les petits créateurs) et qu'ainsi cesse l'exploitation des salariés asiatiques et d'ailleurs, payés 30 euros par mois pour que nos chères têtes blondes, rousses ou brunes soient habillés comme des princes? Analyse trop facile je le crains.  Une chose est sûre, c'est que nous ne sommes pas tous égaux devant la crise...

Comments

[Nolwenn]

pas tous égaux devant la crise ?? tu en doutais ?...